LB avril 2006

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HISTOIRE DES CLOCHES

 

DE L’EGLISE

 

SAINT-MARTIN DE SAVOISY

 

 

 

 

Nous ne connaissons pas l’histoire des cloches de Saint Martin de Savoisy dans la période qui précède le milieu du XVIII° siècle, date à laquelle un « feu du ciel » détruisit le clocher, la chapelle castrale et la nef, ne laissant intact que le chœur ; mais il est très probable que les cloches d’alors furent fracassées dans leur chute, et peut-être même refondues par l’incendie.

 

 

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Toujours est-il que l’église fut reconstruite, et que deux nouvelles cloches furent baptisées en 1752, comme l’indique le registre des baptêmes[1] de la paroisse, dont on peut consulter le manuscrit à la mairie, dans un texte original reproduit en annexe.

 

On approchait de la fin de l’Ancien Régime : il se trouvait alors à Savoisy deux co-seigneurs à parts égales, qui étaient les descendants d’un procureur de Châtillon nommé Edme Viesse, un oncle à la 4° génération du maréchal Viesse de Marmont:

- l’un s’appelait Edme Viesse, comme son père ; il avait une fille prénommée Ursule, qui avait épousé un chevalier nommé Frédéric de Fresne.

- l’autre, Jean Baptiste Vaillant de Savoisy, époux d’Anne Elisabeth Mouret, était le cousin germain d’Ursule Viesse.

 

On ne sait pas dans quelle mesure les familles des deux co-seigneurs participèrent au financement des nouvelles cloches ; mais elles formèrent deux couples de parrains et marraines, qui donnèrent leurs quatre prénoms aux deux cloches.

 

Elles furent bénies par le curé de Savoisy le 27 avril 1752 ; l’une reçut les prénoms « Edme » et « Elisabeth » – l’oncle et sa nièce – l’autre ceux de « Jean » et « Ursule » – les cousins germains – en présence de toute la paroisse et du vicaire de Puits, un village voisin.

 

 

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Le poids du nouveau clocher ayant fissuré la voûte de la nef, il fallut décider en 1778 de les démolir, pour reconstruire une nouvelle église autour du chœur, qui était toujours intact ; mais selon les indications du cahier des charges établi à Dijon le 6 mars 1778 par l’architecte Pierre Jean Guillemot, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, les cloches furent démontées avant la démolition, puis remontées dans le nouveau clocher.

 

 

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Pour une raison inconnue aujourd’hui, 73 ans seulement après le baptême de 1752, la municipalité décida de faire fondre une nouvelle cloche, en sol, de 1,10 de diamètre à la base (inscriptions en annexe), qui fut bénie en 1825 par le curé de Savoisy. Elle eut pour parrain Alexandre Mathelin, fils d’Edme, notaire au village, qui reprit par la suite l’étude de son père et devint maire[2], et pour marraine Elisabeth Perroy, fille du chirurgien de Savoisy.

 

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Une nouvelle cloche, un peu plus grosse que la précédente (diamètre 1,25 m à la base), en fa, fut à son tour bénie le 6 mai 1855 par le curé de Savoisy. Le parrain était Armand Henry, fils de Michel Henry, cultivateur et maire précédent, et la marraine Adeline Chapé, qui était sans doute la fille de la « veuve Chapé » qui « releva » en 1875 la halle du village tombée en ruines.

 

 

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La même année 1875, l’ancien château de Savoisy, lui aussi tombé en ruines, avait été remis en état par François Corot, un petit-neveu du peintre Jean-Baptiste Corot, qui avait épousé une Savoisienne. Un peu moins de 100 ans plus tard, deux de ses petites filles, Marie et Jeanne Corot, firent don à la paroisse d’un mécanisme jurassien qui allégea considérablement le travail du sonneur de cloches : il suffisait de remonter la nouvelle horloge une fois par semaine. Elle fonctionna jusqu’à ces dernières années, puis il fallut la remplacer par deux moteurs électriques actionnés par une minuterie.

 

 

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Aujourd’hui, la petite « Alexandre-Elisabeth » et la grosse « Armand-Adeline » ont chacune plus de 150 ans ; mais la première sonne toujours les heures, la seconde l’angélus, matin, midi et soir, ainsi que les demi-heures – pour le bonheur des habitants du village.


 

ANNEXES

 

 

 

 

 

1. EXTRAIT DU REGISTRE PAROISSIAL DES BAPTEMES

 

On trouve le texte suivant dans le registre des baptêmes de la paroisse de Savoisy, à l’année 1752 (entre les actes de baptêmes habituels de deux nouveaux-nés) :

 

« Le vingt sept avril mil sept cent cinquante deux ont été bénies deux cloches, l’une sous le vocable de Saint Edme et de Sainte Elisabeth, l’autre sous celui de Saint Jean-Baptiste et de Sainte Ursule, par moi, curé soussigné, celle sous le vocable de Saint Edme et de Sainte Elisabeth a été nommée par messire Edme, chevalier, trésorier de France et seigneur de Savoisy, et par dame Anne Elisabeth Mouret épouse de messire Jean Vaillant. Celle sous le vocable de Saint Jean et de Sainte Ursule a été nommée par Messire Jean-Baptiste Vaillant chevalier, seigneur de Savoisy et Lieutenant de nos seigneurs les maréchaux de France, et par dame Ursule Viesse épouse de messire Frédéric de Fresne, chevalier, seigneur de Chérisy à laquelle cérémonie a assisté Michel Trémisot prêtre vicaire de Puits et a été faite au conspect de toute la paroisse. »

 

Signé : au milieu : « Viesse du Breuil » ; à sa droite : « Vaillant de Savoisy ». Ligne en dessous : « Anne Elisabeth Mouret de Savoisy » (écriture d’une très jeune femme), et « Ursule Viesse de Fresne ».

 

Et encore : « Trémisot vicaire de Puits »,  et « Gélot curé de Savoisy. »

 

 

 

 

2. INSCRIPTIONS FIGURANT SUR LES CLOCHES ACTUELLES

 

Les deux cloches actuelles (2006) portent les inscriptions suivantes :

 

 

PETITE CLOCHE (1825)

 

En haut :

 

1° cercle : J’AI ETE BENITE EN 1825 PAR MR JH (Ndlr : sans doute Joseph) MARIE MICHEL BUISSON, PRETRE DESSERVANT SAVOISY - MON PARRAIN EST MR ALEXANDRE MATHELIN

 

2° cercle : FILS DE MR EDME VINCENT MATHELIN NOTAIRE A SAVOISY ET DE DME MARIE BRIGITTE VITALINE VARET - MA MARRAINE DLLE

 

3° cercle : ELISABETH HONORINE MAGDELEINE PERROY, FILLE DE MR EDME PERROY CHIRURGIEN A SAVOISY ET DE DAME ANNE AGATHE MOREAU.

 

4° cercle : MRS CDE (Ndlr : Claude) POTAGE MAIRE ET EDME PION ADJOINT.

 

Trois mains gravées, l’index pointé, indiquent les endroits où le lecteur doit changer de cercle.

 

 

En bas :

 

Devant, au milieu, reproduction d’un Christ en croix.

 

Derrière, au milieu, dans un médaillon orné, de forme ovale : FORT FILS PUINE FONDEUR A DIJON.

 

 

 

GROSSE CLOCHE (1855)

 

En haut

 

Quart arrière gauche : J’AI ETE BENITE LE 6 MAI 1855 PAR M JEAN-BAPTISTE LEGENDRE CURE DESSERVANT DE SAVOISY.

 

Quart avant gauche : J’AI EU POUR PARRAIN M ARMAND HENRY FILS DE MR ET MME MICHEL HENRY.

 

Quart avant droit : ET POUR MARRAINE MADELLE ADELINE CHAPE FILLE DE MR ET MME HIPPOLYTE CHAPE.

 

Quart arrière droit : J’AI ETE FONDUE EN 1854 SOUS L’ADON (Ndlr : l’administration) DE MM LAURENT ANTOINE DEFRANCE MAIRE ET CLAUDE VARET ADJOINT.

 

 

En bas

 

Devant, au milieu, dans un médaillon orné, de forme ovale : FONDERIES DE GOUSSEL FRERES A METZ ET A CHAMPIGNEULLES HTE MARNE ; et en dessous : N0 292.

 

Derrière, au milieu, reproduction du « Dernier repas du Christ avec les apôtres » (La Cène) ; et en dessous l’inscription 1172 K° (Ndlr : c’est sans doute le poids de la cloche en kilos).



[1] Les registres paroissiaux tinrent jusqu’à la Révolution le rôle de l’Etat-Civil actuel.

[2] Il fit édifier en 1839 l’ancienne école, qui n’a été remplacée par le nouveau Groupement Scolaire qu’en 2004.